Bientôt, Le Diamant s’apprête à dire au revoir au Projet Riopelle. Dans cet article, retrouvez un court retour sur l’importance du mouvement automatiste dans l’histoire du Québec, une période abordée dans la première partie de la pièce et les impressions de quelques membres de la distribution.
Montréal, pendant les années 1940, la société québécoise est dirigée et immobilisée par le catholicisme et ses valeurs conservatrices. Contrarié et tourmenté par ce conservatisme social, Paul-Émile Borduas, qui enseigne à l’École du Meuble de Montréal, partage avec quelques-uns de ses étudiants les écrits d’André Breton, un poète et écrivain français qui a publié, en 1924, le Manifeste du surréalisme. L’idée derrière ce mouvement est d’exprimer librement la réalité des pensées, sans censure, que ce soit par l’écriture, le dessin ou de toute autre manière. Borduas s’inspire des fondements du surréalisme pour sa démarche artistique. Il partage ses idéologies et son approche intuitive expérimentale à une jeunesse enthousiaste qui se joint à lui dans son projet du manifeste le Refus global, ouvrage collectif lancé au Québec en 1948.
Outre Paul-Émile Borduas, Madeleine Arbour, Marcel Barbeau, Bruno Cormier, Claude Gauvreau, Pierre Gauvreau, Muriel Guilbault, Marcelle Ferron-Hamelin, Fernand Leduc, Thérèse Leduc, Jean-Paul Mousseau, Maurice Perron, Louise Renaud, Françoise Riopelle, Jean Paul Riopelle, Françoise Sullivan ont tous signé le Refus global dans l’ambition de poser un geste de revendication.
« On nous considérait à l’époque comme des révolutionnaires alors que nous étions seulement à l’heure. On a osé être nous-mêmes et on s’est retrouvés à l’avant-garde1. »
« L’acte de créativité nous révéla la liberté fondamentale2. »
Ces artistes, incluant Jean Paul Riopelle, sont des pionniers non seulement dans leur œuvre, mais aussi dans leur quête de liberté qui était au cœur de leur démarche. Ils ont été les premiers à poser un geste de revendication dans le but de donner une nouvelle identité à la société québécoise.
Nous avons échangé avec quelques membres de la distribution qui nous ont partagé leurs impressions au sujet du mouvement automatiste et son héritage dans l’histoire du Québec.
Étienne Lou« Je suis admiratif des Automatistes qui ont rompu avec les habitudes de la société pour se libérer des pensées collectives qui les empêchaient de créer librement. En sortant de l’Église, ils se sont exposés au vide. Ces gens courageux ont ouvert la porte pour l’avenir et ils ont payé le prix. »
Comédien
Richard Fréchette« La première partie du spectacle est très importante pour que l’on constate d’où l’on vient. C’est grâce au mouvement automatiste que le Québec s’est inscrit dans la modernité mondiale. Le discours du Refus global évoqué dans Le Projet Riopelle est encore d’actualité. »
Comédien
Audrée Southière« Pour moi, ça a toujours été un moteur de création d’aller puiser dans la vie des femmes fortes d’autrefois pour les remettre à l’avant-scène. Ainsi, c’était un privilège pour moi de jouer Marcelle Ferron, la seule femme qui a signé le Refus global en conservant son nom de naissance et non, son nom d’épouse. C’est dans l’art que je vais chercher les legs et les valeurs que je veux poursuivre et honorer. »
Comédienne
Ex Machina et Robert Lepage ont réussi à présenter trois époques de la vie de Jean Paul Riopelle, tout en faisant un survol des artistes qui l’ont entouré et qui ont légué un grand héritage au Québec. Tout comme les gens qui ont participé de près ou de loin à la réalisation du Projet Riopelle, nous espérons que la pièce aura laissé une trace dans la vie des 18 000 personnes qui sont venues la voir au Diamant.
1 – Correspondance de Marcelle Ferron avec Jacques, Madeleine, Paul et Thérèse Ferron, Le droit d’être rebelle, Les Éditions du Boréal, Montréal, 2016.
2 – Fernand LEDUC, Refus Global. Manifeste surrationnel comme voie de libération, février 1998. Fernand Leduc a écrit ce texte – jamais publié – alors qu’il avait été sollicité par lettre en février 1998 à participer à la publication d’un numéro de L’Action Nationale soulignant le 50e anniversaire de la publication du Refus Global.