Avant que Galilée ne pointe son télescope vers le ciel, on considérait la lune comme un gigantesque miroir dont les sommets et les vallées reflétaient les mers et les montagnes terrestres. Quand les Soviétiques envoyèrent une sonde contourner la lune pour en rapporter des images inédites, l’humanité étonnée découvrit une surface grêlée par des myriades de débris célestes. Les scientifiques américains parlèrent longtemps du visage défiguré de la lune, sans doute parce que les traits de sa face cachée portaient désormais les noms de cosmonautes, d’inventeurs et de poètes russes.
La Face cachée de la Lune repose sur la relation houleuse entre deux frères aux ambitions parfaitement opposées, et sur l’improbable rapprochement mutuel que provoquera le décès de leur mère. En toile de fond, la course à la lune russo-américaine des années 60, où les perdants ne sont peut-être pas ceux que l’on imagine. Entre l’anodin et le sublime, il y a une ligne parfois mince. Ici, une poésie toute visuelle permet au personnage central, Philippe, de passer de la banalité du quotidien à la majesté du monde spatial, d’échapper à la force d’attraction terrestre pour aspirer à la légèreté du vide sidéral.
En m’intéressant à certains épisodes de la conquête de l’espace, j’ai été obligé, malgré moi, de revisiter mon enfance et une partie importante de mon adolescence. C’était un rendez-vous que je tentais de repousser depuis longtemps et la création de ce spectacle m’a acculé au pied du mur. Le plus difficile a sûrement été de découvrir que ma jeunesse – que je croyais pourtant ensoleillée – baignait la plupart du temps dans les tonalités bleues et grises de la Lune. J’ose espérer que cette histoire de réconciliation entre deux frères saura vous toucher et réveiller en vous un peu de nostalgie lunaire. – Robert Lepage
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