Le visage d’une femme apparaît dans la pénombre. Une femme qui n’a pas d’âge ou qui aurait tous les âges. C’est peut-être sa conscience qui se fait soudain entendre et qui ne serait pas altérée par le temps.
On comprend peu à peu que la vie de cette femme a traversé le XXe siècle, qu’elle a vu l’avancement de l’émancipation féminine, mais sans qu’elle en jouisse tout à fait. C’est une femme sans destin exceptionnel, qui a fait de son mieux pour bien vivre et être heureuse. D’elle, surgit soudain une voix jamais entendue auparavant, une lame de fond qui réanime autrement certains moments de son existence.
Cette mémoire réactualisée en un souffle déferlant prend appui sur un cadre avec lequel elle avait ordonné sa vie. Ce sont les dix commandements, non pas de Dieu, mais de Dorothy Dix, une chroniqueuse américaine qui dispensait ses recettes et conseils de bonheur dans le journal. Les dix commandements pour être heureuse de Dorothy Dix, qui ont été en quelque sorte le guide de vie de cette femme, structurent le texte et donnent la note pour chacune des parties de la pièce, telle une réminiscence inconsciente devenant le point de départ d’une révolte sourde ou d’un désir inconscient de libérer quelque chose, dans une lucidité inattendue.
Après l’écriture d’OMBRES (2005) et LES MARGUERITE(S) (2018), qui prenaient ancrage dans la pensée intime de personnages réels de l’histoire littéraire, Stéphanie Jasmin explore cette fois celle d’une femme en apparence sans histoire, comme des milliers d’autres, sa grand-mère. La pièce mise en scène par Denis Marleau a connu un immense succès à sa création la saison dernière au Théâtre ESPACE GO et lors de sa présentation au Théâtre du CNA et au Théâtre de la Colline à Paris.
Découvrez les codirecteurs d’UBU qui proposent la pièce Les dix commandements de Dorothy Dix au Diamant. Consultez l’article ›
UBU compagnie de création, en coproduction avec le Musée d’art contemporain de Montréal et le Festival d’Avignon
Une rencontre avec Julie Le Breton animée par Robert Lepage