NYX revisite des éléments archétypaux de la féminité. Prenant source dans ses souvenirs d’adolescence de l’entreprise familiale de vêtements pour dames : le monde des femmes qui y évoluait, les petites mains des couturières, guidées par les dires de la grand-mère de Johanne Madore, matriarche régnant sur la ‘soute’ où s’entassaient en de grands plis, tissus, peaux et fourrures.
Incarnant la grandeur d’âme, la sagesse et la passation, son décès à 106 ans déclenche le processus créatif du projet de spectacle NYX, du nom de la déesse grecque la nuit. Dès lors les deux se confondent : brodeuses de souvenirs et parfois de fabulations, chamanes pouvant guider les âmes égarées entre mort et naissance, entre Éros et Thanatos, au travers les méandres de la forêt, au travers les nocturnes de la vie, au travers le royaume de NYX.
En quittant, la grand-mère de Johanne Madore en est venue à représenter une NYX autre : mère mythologique de la Nuit et des songes, veillant sur l’intuition et la mémoire, le sacré et le féminin, célébrant une nature à la fois sauvage et spirituelle, questionnant le temps, le corps et l’« âme » qui l’anime.
« J’ai ainsi voulu inventer une nuit scénique, organique, dans laquelle des esprits humains rencontrent des bêtes émergeant des contes de mon enfance, recâbler mes souvenirs du vaste lieu sombre – cette ‘soute’/entrepôt à matériaux du magasin familial – et y fabuler des corps hiératiques et érotiques, de nouvelles chimères flottant et se métamorphosant entre les parois chrysalides des voiles de NYX. » – Johanne Madore